Le siège de Carcassonne en 1209 : un épisode de la Croisade contre les Albigeois

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Niveau : 5e Durée : 1 heure

Introduction : la place de ce travail dans le programme de 5e

     Ce travail, destiné aux élèves de cinquième s'insère dans la partie du programme d'histoire sur " La Chrétienté occidentale 1. L’Église. " Le rappel du contexte historique montre une Église " structure et acteur essentiel de l’Occident médiéval " à travers la Croisade contre les Albigeois. En 1209 sous l’épiscopat d’Innocent III l’Église n’a jamais été aussi puissante politiquement. Elle prétend même exercer une souveraineté sur l’ensemble de l’Occident. Face à ceux qui contestent son pouvoir elle se montre intransigeante. Or en Languedoc se développe une Église rivale de celle de Rome, celle des cathares. Ne parvenant pas à faire reculer l’hérésie cathare par la prédication, l’Église catholique décide l’éliminer cette hérésie par la force. En 1208, pour la première fois est lancée une croisade contre des chrétiens. Pour mener cette croisade des chevaliers sont recrutés dans toute l’Europe ; ils vont être l’instrument de la répression. Pour l’Église, la croisade est aussi l’occasion de canaliser l’énergie des chevaliers dans un but chrétien.

     La principale cible des croisés est le jeune Raimond-Roger Trencavel, vicomte d’Albi, Béziers et Carcassonne. Il n’est pas cathare mais n’a rien fait pour éliminer l’hérésie dont la plupart de ses vassaux sont des adeptes. Après avoir pris Béziers dont la population est massacrée, l’armée croisée assiège Carcassonne du 2 au 15 août 1209.

     Ce travail peut permettre également d’introduire la partie du programme " Le royaume de France (Xe-XVe siècles) : l’affirmation de l’État ". L’enlisement de la Croisade des Albigeois va en effet permettre au roi de France d’intervenir dans le Midi. En 1226 Louis VIII y mène une croisade qui marque le début de l’intégration du Languedoc dans le domaine royal, intégration achevée par son fils saint Louis.

Objectifs notionnels

     Ce travail met en scène les chevaliers dans leur principale activité : la guerre. Il permet de faire connaissance avec les techniques de siège et les aspects défensifs de la topographie des villes du Moyen Âge.

Objectifs méthodologiques

     On insiste sur les techniques de lecture de texte, sur la critique des sources, et sur la mise en relation d'un texte et d'images.

Mise en œuvre pédagogique

     Il est conseillé de donner ce travail sous la forme d'un devoir à la maison ou en classe avec un dictionnaire car il nécessite quelques recherches de vocabulaire. Auparavant on aura précisé le contexte historique à la suite par exemple d'une leçon sur les chevaliers ou sur les croisades. La correction se fera de préférence sur transparent au rétroprojecteur qui permet à la classe de mieux suivre le professeur sur les documents.


Activité

LE SIÈGE D'UNE VILLE AU MOYEN AGE: CARCASSONNE

1

1. Le siège de Carcassonne en 1209


Le vicomte de Béziers(1), apprenant que les nôtres se dirigeaient vers Carcassonne pour l'assiéger, rassembla le plus grand nombre possible de chevaliers, se réfugia avec eux dans la ville et se prépara à la défendre contre les croisés (...). Arrivés devant la ville,  les nôtres plantent leurs tentes tout autour et rendent le siège effectif (...) La cité de Carcassonne, bâtie sur une hauteur, était flanquée de deux faubourgs : chacun était garni de murs et fossés. Le troisième jour, les nôtres, comptant s'emparer d'assaut et sans recours aux machines de guerre du premier faubourg qui était un peu moins fortifié que l'autre, s'y précipitent tous ensemble. Évêque, Abbés, le clergé, tous réunis, chantent avec grande dévotion le " Veni Sancte Spiritus " suppliant Dieu de se hâter à leur secours. Aussitôt les ennemis abandonnent la place et les nôtres s'emparent de ce premier faubourg. (...) Celui-ci, une fois pris, fut rasé jusqu'au sol et les fossés comblés. (...) Le lendemain, ils se dirigèrent vers le rempart du deuxième faubourg et donnèrent l'assaut: le vicomte et les siens se défendirent avec un tel courage que les nôtres, sous des jets de pierre fréquents et drus, durent évacuer le fossé où ils avaient pénétré. (...) Ceci fait, les croisés mirent bientôt en batterie des machines appelées pierrières afin de démolir le mur du faubourg. Quand les pierrières l'eurent quelque peu touché à son sommet, les croisés amenèrent au pied du mur avec la plus grande difficulté un chariot à quatre roues, couvert de peaux de boeuf, à l'abri duquel des spécialistes devaient saper le rempart : ce chariot fut bientôt détruit par les ennemis qui lançaient sans arrêt du feu, du bois, des pierres, mais les sapeurs se réfugièrent dans la niche déjà creusée si bien que leur travail ne souffrit aucun retard. Au point du jour, le mur sapé s'écroule et les nôtres à grand fracas pénètrent par la brèche : les ennemis battent en retraite vers les parties hautes de la cité.

Pierre des Vaux de Cernay, Histoire albigeoise, vers 1213.
(1) Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et Carcassonne

Fiche de travaux dirigés, © G. LANGLOIS, 1997.


Correction

LE SIÈGE D'UNE VILLE AU MOYEN AGE: CARCASSONNE

1

1. Le siège de Carcassonne en 1209


Le vicomte de Béziers(1), apprenant que
les nôtres se dirigeaient vers Carcassonne pour l'assiéger, rassembla le plus grand nombre possible de chevaliers, se réfugia avec eux dans la ville et se prépara à la défendre contre les croisés (...). Arrivés devant la ville, les nôtres plantent leurs tentes tout autour et rendent le siège effectif (...) La cité de Carcassonne, bâtie sur une hauteur, était flanquée de deux faubourgs : chacun était garni de murs et fossés. Le troisième jour, les nôtres, comptant s'emparer d'assaut et sans recours aux machines de guerre du premier faubourg qui était un peu moins fortifié que l'autre, s'y précipitent tous ensemble. Évêque, Abbés, le clergé, tous réunis, chantent avec grande dévotion le " Veni Sancte Spiritus " suppliant Dieu de se hâter à leur secours. Aussitôt les ennemis abandonnent la place et les nôtres s'emparent de ce premier faubourg. (...) Celui-ci, une fois pris, fut rasé jusqu'au sol et les fossés comblés. (...) Le lendemain, ils se dirigèrent vers le rempart du deuxième faubourg et donnèrent l'assaut: le vicomte et les siens se défendirent avec un tel courage que les nôtres, sous des jets de pierre fréquents et drus, durent évacuer le fossé où ils avaient pénétré. (...) Ceci fait, les croisés mirent bientôt en batterie des machines appelées pierrières afin de démolir le mur du faubourg. Quand les pierrières l'eurent quelque peu touché à son sommet, les croisés amenèrent au pied du mur avec la plus grande difficulté un chariot à quatre roues, couvert de peaux de boeuf, à l'abri duquel des spécialistes devaient saper le rempart : ce chariot fut bientôt détruit par les ennemis qui lançaient sans arrêt du feu, du bois, des pierres, mais les sapeurs se réfugièrent dans la niche déjà creusée si bien que leur travail ne souffrit aucun retard. Au point du jour, le mur sapé s'écroule et les nôtres à grand fracas pénètrent par la brèche : les ennemis battent en retraite vers les parties hautes de la cité.

Pierre des Vaux de Cernay, Histoire albigeoise, vers 1213.

(1) Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et Carcassonne

Fiche de travaux dirigés, © G. LANGLOIS, 1997.


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Document rédigé par Gauthier LANGLOIS. Illustrations extraites de J.P. Panouillé, Carcassonne, le temps des sièges, éditions du CNRS et de la Caisse nationale des monuments historiques